Choc culturel dans l'enquête sur la Fifa - Büchel commente

veröffentlicht am Dienstag, 15.09.2015

Le Temps, Le Temps online


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Choc culturel dans l’enquête sur la FIFA

La ministre américaine Loretta Lynch et le procureur général suisse Michael Lauber sont apparus côte à côte, lundi à Zurich. Mais leur approche et leur communication divergent. La première menace et prévoit d’autres arrestations, tandis que le second parle de ses limites et temporise au possible.

Comme des coéquipiers. A Zurich, lundi, Michael Lauber et Loretta Lynch, le procureur général de la Confédération et la ministre américaine de la Justice, avaient décidé de tenir une conférence de presse commune de «mise à jour», au sujet des leurs enquêtes respectives sur la FIFA.

Mais par leurs propos, les magistrats des deux pays n’en ont pas moins mis en évidence l’existence d’un contraste américano-suisse dans la communication.

«L’enquête continue et son spectre s’est étendu depuis le mois de mai», a indiqué Loretta Lynch, qui s’est félicitée de l’aide que lui apportent d’autres pays, ainsi que de l’efficacité de la collaboration hélvético-américaine: «On ne peut pas rêver meilleur partenaire que Michael Lauber et son équipe», a-t-elle complimenté. La ministre a, du coup, pu annoncer, sans autres détails, que «des poursuites contre d’autres personnes vont être engagées». Et menacer «tous ceux qui espèrent encore vivre comme sous l’ancien régime de la FIFA».

Son enquête se base sur des soupçons de pots-de-vin versés par des sociétés de commercialisation des droits d’image et de marketing à des dirigeants des associations régionales de la FIFA. Quatorze personnes ont été inculpées et treize arrêtées – dont sept à Zurich – et dix sont dans l’attente de leur extradition, a énuméré Loretta Lynch.

Le discours de Michael Lauber a été nettement plus mesuré. Conscient de «l’énorme intérêt public» suscité par l’enquête sur les Coupes du monde 2018 et 2022 en Russie et au Qatar, il a d’abord temporisé: «Nous ne sommes pas encore à la mi-temps» de l’enquête. Puis, rappelant que celle-ci est traitée de manière prioritaire par le Ministère public de la Confédération (MPC), il a déclaré «chercher des moyens pour accélérer» le rythme.

Il a déploré que certaines informations pertinentes soient indisponibles, parce que placées sous scellés par des justices étrangères: «Il serait utile que les parties impliquées puissent coopérer de manière plus substantielle», a-t-il déclaré.

A quelles «parties» s’adresse-t-il? Aux autres pays qui ont ouvert des enquêtes, comme l’Afrique du Sud ou le Brésil? A son homologue américaine? La question restera sans réponse. Michael Lauber a toutefois jugé utile de préciser que «l’enquête est conduite sur un pied d’égalité avec les Américains», mais qu’il «n’y a pas de cellule d’enquête conjointe». Il a ajouté que «presque aucune juridiction étrangère n’a demandé l’entraide judiciaire internationale à la Suisse concernant des responsables de la FIFA vivant dans d’autres pays. On peut spéculer sur les raisons de cet état de fait.»

A Berne, il en est en tout cas un qui se réjouit de la collaboration américano-suisse. Du moins sur le fond. «Je suis content que ces arrestations [en mai à Zurich] aient eu lieu, mais je suis furieux qu’elles se soient déroulées devant des médias qui avaient été prévenus à l’avance», dit le conseiller national Roland Büchel (UDC/SG). Cette médiatisation, imputable aux Américains, risque d’être utilisée en Suisse par les avocats des prévenus, pour contester leur extradition.

A Zurich, Michael Lauber a expliqué que 121 comptes bancaires signalés par le bureau de communication en matière de blanchiment d’argent font désormais l’objet d’une investigation. C’est deux fois plus qu’en juin dernier.

Il a aussi révélé que «des actifs ont été saisis, y compris des appartements dans les Alpes suisses». Enfin, il a évoqué «des avancées à l’ouest de la Suisse». Parlait-il de comptes bancaires à Genève? De dirigeants de l’UEFA, domiciliée à Nyon? Là aussi, le flou demeure.

Le procureur général a par contre révélé «avoir reçu des explications de la FIFA, dimanche soir», alors que vendredi, le nom de Sepp Blatter a été mentionné dans une affaire de vente de droits TV à la télévision publique alémanique. Le président démissionnaire de la fédération sera-t-il entendu, voire poursuivi? La question reste là aussi ouverte.

Près de 140 journalistes, accrédités sous de strictes conditions sécuritaires et dont les sacs, caméras et appareils photo ont été reniflés par un berger allemand, étaient massés dans l’hôtel Renaissance. L’établissement abritait lundi la 20e conférence annuelle de l’Association internationale des procureurs (IAP).

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