A Genève, l'industrie du sport a fait son introspection - Büchel deux fois sur le podium

veröffentlicht am Samstag, 05.09.2015

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Sport business samedi 05 septembre 2015

A Genève, l’industrie du sport a fait son introspection

Sonnés par les scandales à la FIFA, dirigeants et politiciens cherchent la meilleure approche réglementaire. Ils veulent mieux encadrer les fédérations et les clubs mais refusent de renoncer à la sacro-sainte autonomie du sport

Certes, l’industrie du sport est inquiète pour son avenir et pour celui de son produit. Mais les dirigeants, diffuseurs, sponsors et organisateurs d’événements sont déterminés à changer, pressés par les circonstances.

A Genève, jeudi et vendredi, le FITS Forum (pour Financial Integrity and Transparency in Sport) avait pour toile de fond le nouveau scandale qui touche la plus puissante des fédérations sportives internationales. La FIFA a entamé cette semaine des travaux de réformes qu’elle a, cette fois-ci, promis d’implémenter. Sans surprise, les deux jours de conférences se sont ainsi surtout focalisés sur le football.

Il faut dire que le ballon rond est un poids lourd. Il pèse 33 des 80 milliards de dollars de revenus que l’industrie du sport génère chaque année, d’après les organisateurs. Et le constat du Centre international pour la sécurité du sport (ICSS) est net: là où l’argent circule le plus, le crime s’installe le plus volontiers.

«Au cours de la dernière décennie, la financiarisation du sport a mené à toutes sortes de dérives: évasion fiscale, corruption, blanchiment d’argent, activités criminelles… Notre passivité est en cause, le milieu du sport doit se regarder dans le miroir. Et la réforme de la FIFA ne doit pas nous servir d’alibi. Le CIO, les fédérations de volley, de cyclisme, d’athlétisme… Tout le monde est concerné», a martelé Emmanuel de Medeiros, l’ancien patron des Ligues européennes de football professionnelles (EPFL), désormais directeur de l’ICSS.

Son président a poursuivi l’introspection: «Est-ce juste que seuls les sportifs soient épiés, contrôlés, testés, arbitrés? a demandé Mohammed Hanzab. Les dirigeants, les clubs et les associations devraient l’être aussi.» Une thèse unanimement partagée, dans l’enceinte de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).

En revanche, le degré d’interventionnisme fait débat. Où faut-il placer le curseur? Pour Jens Andersen, de l’initiative militante danoise Play The Game, la sacro-sainte autonomie du sport doit perdurer. Mais il faut la modifier «en mettant une pression constante sur les fédérations, en incitant plutôt qu’en intervenant politiquement».

Inefficace, lui répond Roland Büchel, conseiller national (UDC/SG). «En Suisse, on a laissé du temps à la FIFA pour s’adapter. Il ne s’est rien passé…»

Bruxelles n’interviendra pas

L’autre question de fond, c’est de savoir quelles institutions sont légitimes pour établir des standards. «Nous sommes tous d’accord pour imposer des règles mais nous n’avons jamais trouvé qui devait s’en charger», regrette Richard Caborn, l’ancien ministre britannique des Sports. De fait, «le sport de haut niveau est la seule activité de cette taille qui bénéficie d’exemptions dans les lois sur la concurrence. C’est grâce à son monopole mondial que la Premier League peut demander 7 milliards d’euros aux diffuseurs.»

Une chose est sûre, la régulation ne viendra pas de Bruxelles. «Nous n’avons pas les outils pour cela, insiste Antonio Mendes, responsable de la jeunesse et du sport à la Commission européenne. Par contre, nous nous engageons pour plus de transparence.» Selon lui, la pression des pairs est le moyen le plus efficace pour progresser.

De l’avis de Richard Caborn, le monde du sport pourrait s’inspirer du fair-play financier de l’UEFA, qui exclut de ses compétitions les clubs qui n’atteignent pas l’équilibre à moyen terme. «Il faut des standards minimaux de transparence et de gouvernance. Les associations qui n’y répondraient pas ne pourraient pas participer aux Jeux, à la Coupe du monde ou à la Ligue des champions».

Mais l’enjeu central, a conclu Nicola Bonucci, le directeur des affaires juridiques à l’OCDE, c’est de décider si le football ne doit pas être considéré comme une activité financière à part entière. «Jusqu’ici, on a fait le contraire. On le traite comme un sport et l’on y ajoute un peu de règles économiques.»

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